Une myriade de récits, d’histoires, de questionnements et d’expériences éparpillées dans nos mémoires individuelles, personnelles, intimes.
Elle est ici révélée à travers les oeuvres d’artistes dont le travail renvoie à la (re)construction d’un tout commun, d’un tout universel, qui renouvelle notre regard sur la création contemporaine issue d’Afrique et de ses diasporas.
Lorsque la parole et la mémoire sont oubliées, tues, effacées, ou tronquées, dévoiler un contre-récit, faire coexister des histoires plurielles, et révéler les non-dits, devient alors une urgence à laquelle répondent les quatorze artistes invitées dans le cadre de cette exposition. Leurs oeuvres se démarquent par leur volonté de déplacer les frontières de l’art, de « rassembler les ailleurs » et de montrer la diversité de nos histoires communes individuelles et finalement collectives.
Les oeuvres sélectionnées explorent la peinture, le textile, la sculpture, la vidéo ou encore la performance. Elles composent un parcours faisant écho d’une part à une lecture démystifiée de pans d’Histoire et de croyances communément divulgués au sujet du continent africain, et d’autre part à la manière dont les dispositifs d’histoires imaginaires sont encore à l’oeuvre et notamment dans les domaines économiques et de redistribution des ressources. À travers cette multiplicité de médiums, les oeuvres délivrent leur essence et nous donnent à voir des artistes à la pratique engagée, fortes de leur pouvoir de narration, ancrées dans leurs géographies fluctuantes et dans leur temps.
En questionnant nos mécanismes de pensée, l’exposition entend ouvrir une discussion sur notre capacité à renouveler nos connaissances, à écouter des récits différents et à (re)mettre en question stéréotypes et idées reçues.
À la taille de son écrin, la MÉCA, Memoria : récits d’une autre Histoire accueillera notamment les oeuvres d’artistes encore peu exposées en France : Georgina Maxim, Na Chainkua Reindorf, Enam Gbewonyo, Tuli Mekondjo ou encore Josèfa Ntjam. Elle fera également place aux oeuvres d’artistes reconnues de la scène artistique contemporaine telles qu’Otobong Nkanga, Bouchra Khalili, Mary Sibande, Wangechi Mutu.
▶️ PARCOURS DE L’EXPOSITION
C’est Sophie, avatar sublime et bienveillant de la sud-africaine Mary Sibande, qui inaugure le parcours de l’exposition, nous invitant à réexaminer l’histoire de son pays à travers son propre récit familial ; celui d’une lignée de femmes fortes et courageuses à qui l’artiste rend magistralement hommage dans un travail mémoriel minutieux.
Ce premier chapitre de l’exposition, De l’intime à l’universel, explore les différents chemins empruntés par les artistes pour écrire leurs expériences personnelles et faire entendre leurs histoires. Aux côtés de Mary Sibande, sont ainsi présentées les « oeuvres-mémoire » de la zimbabwéenne Georgia Maxim, pièces textile hétéroclites intimement liées à des individus et à leur mémoire, ainsi que les peintures oniriques et profondes de la namibienne Tuli Mekondjo dans lesquelles se mêlent motifs végétaux, graines, et détails de photographies d’archive issues du patrimoine national de la Namibie.
La deuxième partie du parcours, Quand la Mémoire fait oeuvre politique, interroge la mémoire dans sa dimension critique : la manière dont les artistes s’en saisissent comme méthode de dénonciation notamment dans les domaines de la redistribution et de l’exploitation des ressources humaines, naturelles et matérielles.
Enfin, le troisième et dernier chapitre du parcours, Fabulations, fictions et autres imaginaires, lève le voile sur un futur créatif, décomplexé, fort d’une mémoire assumée et célébrée. Un dialogue infini se noue entre l’art, les sciences, les nouvelles technologies et une forme de militantisme social, terreau fertile à l’écriture de récits novateurs et subversifs.
En savoir plus : https://fracnouvelleaquitaine-meca.fr/
Du mercredi 19 mai au mercredi 20 novembre 2021.
Écoutez le reportage audio sur l'exposition réalisée en février 2021
Interview réalisée par Frédéric Dussarrat