"Ils y viennent tous... au cinéma !", l'essor d'un spectacle populaire (1908-1919). Une exposition aux Archives départementales de la Gironde

Une époque, celle des années 1910, où "aller au ciné", comme on disait alors, était une sortie fréquente, une joie évidente, un plaisir intense, une expérience sensible particulièrement riche pour un public socialement de plus en plus diversifié.


Conçue par les Archives départementales de la Gironde et le groupe de recherche Ciné08-19, en partenariat avec l’université Sorbonne Nouvelle, l’exposition plonge les visiteurs dans l’histoire de la production, de la diffusion et de la réception des images animées à la fin de la « Belle Epoque » pendant la Grande Guerre et juste après. Le fil rouge de l’exposition reste une interrogation de nature socio-culturelle : que signifie aller au cinéma dans ces années-là ?

Ils y viennent tous… au cinéma ! titre d’une revue musicale de 1917, repris par l’écrivaine Colette, traduit l’engouement populaire pour ce média moderne et les vedettes qu’il valorise. Les salles de cinéma sont des lieux de distraction et d’apprentissage pour toutes les classes sociales, pour tous les âges. Le spectacle cinématographique pénètre aussi les zones rurales grâce aux tourneurs itinérants. Les forains montrent également des films chaque année à la foire des Quinconces de Bordeaux.      

L’expression renvoie aussi aux partenariats avec de grands groupes de presse, des metteurs en scène, des comédiens venus du théâtre ou du music-hall mais aussi des chanteurs, des danseurs, des peintres, des musiciens, des journalistes, des écrivains et des poètes qui ont voulu écrire ou créer pour l’écran.

▶️ UNE DIMENSION NATIONALE ET GIRONDINE


Outre la dimension nationale, l’exposition fait la lumière sur l’implantation du cinématographe en Gironde, depuis la première projection dans l’immeuble prestigieux au 10 allée de Tourny à Bordeaux en 1896. Une partie retrace également la carrière de l’acteur et réalisateur Max Linder, originaire de Saint-Loubès et première star du cinéma français ainsi que les premiers pas du critique de cinéma Louis Delluc, originaire également du Sud-Ouest.

Des bâtiments aux architectures parfois spectaculaires comme le Cinéma National Pathé à Bordeaux, le Casino de la Plage à Arcachon ou l’Eldorado Cinéma à Bordeaux sont évoqués dans la salle des Voûtes, grâce à des plans, des dessins, des photographies.

L’exposition rassemble un grand nombre de documents rares (notes préparatoires, scénarios, découpages, correspondances, visas de censure…), d’objets variés (caméras, projecteurs, éléments de décor, affiches, programmes, photographies…) et de films restaurés, exposés aux côtés des documents d’archives locales et issus des fonds de la Cinémathèque Française, du Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC), de la Bibliothèque Nationale de France, du Musée départemental Albert-Kahn, du Musée Gaumont, de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, de la Bibliothèque des littératures policières, de la bibliothèque littéraire Jacques Doucet, de la Cinémathèque de Toulouse, des Archives départementales de la Gironde, des Archives Bordeaux Métropole, des Archives municipales d’Arcachon ainsi que de collections privées.

▶️ A DÉCOUVRIR DANS LE HALL DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES : UNE EXPOSITION PHOTOS « DES CINÉMAS, INVENTAIRE SUBJECTIF DES CINÉMAS DE VILLAGES EN GIRONDE »

Les douze diptyques exposés sont issus d’une série de photos réalisées en 1993-1994 par Jean-Christophe Garcia, artiste, auteur de films et enseignant à l'École nationale supérieure de l'architecture et du paysage de Bordeaux.

Pour chaque salle choisie, à l’esthétique singulière en milieu rural, deux prises de vues ont été réalisées : une statique en couleur et l’autre dynamique en noir et blanc présentant le passage d’un piéton, par exemple. Issu de ce projet photographique, le film Reprises de Jean-Christophe Garcia est projeté dans le même espace.

Au programme en marge de l'exposition : conférences, projections exclusives, tables rondes avec nos partenaires, cinés d'époque...

 

En savoir plus : https://archives.gironde.fr/


Jusqu'au dimanche 6 mars 2022.


Laurent Véray, professeur à l'université Sorbonne Nouvelle, commissaire scientifique de l'exposition.

Interview réalisée par Frédéric Dussarrat